Date de sortie : 13/09/2024
Durée : 2h26
Longue ascension
Pour commencer, attention, je sais très bien que je ne suis pas la cible de ce genre de film, et ce n'est pas grave. Les enfants chez moi qui sont plus la cible n'ont pourtant pas plus accroché au film que moi.
Alors oui, on peut prendre pour acquis le premier niveau de lecture qui nous dit (assène) qu'il faut sortir des écrans, vivre ses rêves, etc. C'est plus facile si on est riche quand même, mais peu importe, je ne suis pas non plus là pour faire le gars aigri, Inoxtag a et a trouvé de l'argent, tant mieux pour lui. Prendre un an de sa vie pour réaliser un rêve n'est pas donné à tout le monde, tant mieux si il a pu le faire. Quand j'entends dire "en tant que parent, ce qu'Inoxtag enseigne à nos enfants est une belle leçon", j'ai envie quand même de répondre que je n'attends pas des Youtubeurs qu'ils éduquent mes enfants... Mais bon, pourquoi pas. Je ne peux pas m'empêcher malgré tout de penser que tout n'est pas le plus naturel du monde ici, et qu'Inoxtag sait très bien ce qu'il fait dans toutes les séquences... Ne réussissant pas à me détacher de ces a priori, dur d'apprécier l'expérience qui nous est partagée ici.
Je vais m'intéresser en ce qui me concerne à la forme plutôt qu'au fond du film. J'ai vu les critiques s'insurgeant de ce que certains ont pu dire, sur le fait que Kaizen n'est pas un documentaire. Je partage cet avis, et je pense que, même si la définition est parfois un peu floue, on est obligé ici de souligner l'absence total de point du vue engagé de la part du réalisateur. Le film déroule 2h30 autocentrées sur Inoxtag, et l'écriture est complètement absente du film. On sent que tout a été fait au montage. On suit jour après jour (ou presque, quelle originalité !) , et le montage nous fatigue en tentant de rythmer tout ça à grands coups de séquences très codées youtube. La bande son n'est pas en reste, encore une fois je ne suis pas la cible mais entre les compos et les chants à base de voicecoder, même WoodKid semble cliché...
Et je ne parle même pas des effets (trop) appuyés, quand Inoxtag frappe le sol de rage, etc. Tout est là pour renforcer l'intérêt des spectateurs. En même temps la consommation de contenu sur Youtube n'est pas forcément habituée à des durées si longues. On a droit pendant ce temps à de nombreuses coupures pub (d'où l'intérêt d'aller voir le film au cinéma plutôt) qui viennent s'ajouter aux nombreux, très nombreux placements de produits qui s'affichent sans aucune finesse, et nous rappellent que derrière ça il y a beaucoup d'argent et des personnes très intéressées...
Le film est aussi totalement déséquilibré dans les sujts qu'il aborde ou essaye d'aborder... Le peu de temps accordé par exemple au tremblement de terre qui a détruit le village d'un sherpa paraît anecdotique (à mon fils aussi) comparé au temps où on parle de déjections et de diarrhées... J'ai passé l'âge, oui, je sais.
Les images sont belles, bien sûr, mais dans ce qu'elles montrent du décor montagneux, ou dans les images travaillées des produits marketing. Mais sinon aucune recherche de cadrage, ni de découpage technique ne vient proposer un point de vue de réalisateur et cela manque cruellement.
Je ne veux pas remettre en question les intentions d'Inoxtag, j'espère vraiment qu'elles sont bonnes, mais il faut être conscient de ce qu'on regarde quand on voit ce film : un énorme produit marketing ultra monté pour masquer la vacuité des sujets abordés sur une durée non dosée.
Réalisation : Basile Monnot
Avec : Inoxtag, Basile Monnot, Samy Bouyssié, Quentin Eiden…
Musique : Emilien “Mim” Berneaux
Cadreurs : Manish Tamang Pakhin, Mathis Dumas, Basile Monnot, Benoït Mazouvanlian, Samy Bouyssié, Antoine Mesnage, Jordan Manoukian, Florian Keller, Ambroise Abondance
Montage : Quentin Eiden
Produit par : Inoxtag
Longue ascension
Pour commencer, attention, je sais très bien que je ne suis pas la cible de ce genre de film, et ce n'est pas grave. Les enfants chez moi qui sont plus la cible n'ont pourtant pas plus accroché au film que moi.
Alors oui, on peut prendre pour acquis le premier niveau de lecture qui nous dit (assène) qu'il faut sortir des écrans, vivre ses rêves, etc. C'est plus facile si on est riche quand même, mais peu importe, je ne suis pas non plus là pour faire le gars aigri, Inoxtag a et a trouvé de l'argent, tant mieux pour lui. Prendre un an de sa vie pour réaliser un rêve n'est pas donné à tout le monde, tant mieux si il a pu le faire. Quand j'entends dire "en tant que parent, ce qu'Inoxtag enseigne à nos enfants est une belle leçon", j'ai envie quand même de répondre que je n'attends pas des Youtubeurs qu'ils éduquent mes enfants... Mais bon, pourquoi pas. Je ne peux pas m'empêcher malgré tout de penser que tout n'est pas le plus naturel du monde ici, et qu'Inoxtag sait très bien ce qu'il fait dans toutes les séquences... Ne réussissant pas à me détacher de ces a priori, dur d'apprécier l'expérience qui nous est partagée ici.
Je vais m'intéresser en ce qui me concerne à la forme plutôt qu'au fond du film. J'ai vu les critiques s'insurgeant de ce que certains ont pu dire, sur le fait que Kaizen n'est pas un documentaire. Je partage cet avis, et je pense que, même si la définition est parfois un peu floue, on est obligé ici de souligner l'absence total de point du vue engagé de la part du réalisateur. Le film déroule 2h30 autocentrées sur Inoxtag, et l'écriture est complètement absente du film. On sent que tout a été fait au montage. On suit jour après jour (ou presque, quelle originalité !) , et le montage nous fatigue en tentant de rythmer tout ça à grands coups de séquences très codées youtube. La bande son n'est pas en reste, encore une fois je ne suis pas la cible mais entre les compos et les chants à base de voicecoder, même WoodKid semble cliché...
Et je ne parle même pas des effets (trop) appuyés, quand Inoxtag frappe le sol de rage, etc. Tout est là pour renforcer l'intérêt des spectateurs. En même temps la consommation de contenu sur Youtube n'est pas forcément habituée à des durées si longues. On a droit pendant ce temps à de nombreuses coupures pub (d'où l'intérêt d'aller voir le film au cinéma plutôt) qui viennent s'ajouter aux nombreux, très nombreux placements de produits qui s'affichent sans aucune finesse, et nous rappellent que derrière ça il y a beaucoup d'argent et des personnes très intéressées...
Le film est aussi totalement déséquilibré dans les sujts qu'il aborde ou essaye d'aborder... Le peu de temps accordé par exemple au tremblement de terre qui a détruit le village d'un sherpa paraît anecdotique (à mon fils aussi) comparé au temps où on parle de déjections et de diarrhées... J'ai passé l'âge, oui, je sais.
Les images sont belles, bien sûr, mais dans ce qu'elles montrent du décor montagneux, ou dans les images travaillées des produits marketing. Mais sinon aucune recherche de cadrage, ni de découpage technique ne vient proposer un point de vue de réalisateur et cela manque cruellement.
Je ne veux pas remettre en question les intentions d'Inoxtag, j'espère vraiment qu'elles sont bonnes, mais il faut être conscient de ce qu'on regarde quand on voit ce film : un énorme produit marketing ultra monté pour masquer la vacuité des sujets abordés sur une durée non dosée.
Date de sortie : 13/09/2024 | Durée : 2h26
Réalisation : Basile Monnot
Avec : Inoxtag, Basile Monnot, Samy Bouyssié, Quentin Eiden…
Musique : Emilien “Mim” Berneaux
Cadreurs : Manish Tamang Pakhin, Mathis Dumas, Basile Monnot, Benoït Mazouvanlian, Samy Bouyssié, Antoine Mesnage, Jordan Manoukian, Florian Keller, Ambroise Abondance
Montage : Quentin Eiden
Produit par : Inoxtag
