Sans forcément avoir lu quoi que ce soit du film, si ce n’est le réalisateur de Creed notamment et son interprète principal, je me suis retrouvé devant ce film, hommage non masqué au film de Tarantino qui utilisait aussi la toile de fond vampirique pour nous servir un film devenu culte depuis.

Et Sinners fait très fort. Sans tout réinventer, il profite de clichés déjà vus pour nous emporter dans une relecture très agréable du film horrifique. Et ça commence par une bande son incroyable. Bande originale, bruitages, tout est musique dans Sinners. Blues, bien sûr, mais pas que. Du grattage d’allumettes aux coups assénés en rythme, tout suit la musique, et le montage nous fait vivre de multiples émotions grâce à ça.
Envolée lyrique et métaphorique, la mise en scène du plan séquence où la musique de Sammie s’envole en mêlant le passé et le futur de la culture musicale noire est hallucinante de maîtrise et nous prend littéralement aux tripes. Et ce n’est pas le seul moment où Ryan Coogler prouve qu’il sait utiliser la technique au service de ce qu’il a à dire. La photo n’est pas en reste et on passe des immensités de coton au huis clos du club de blues sans que les cadrages ou la lumière ne soient mis en défaut.
Mais Sinners n’est pas qu’un simple film de vampires. Les personnages sont bien écrits, et le casting est impeccable, Michael B. Jordan dans un rôle de jumeau en tête et Miles Caton dans celui du musicien talentueux jusqu’à devenir le pont entre l’ici et l’au-delà. Tous ces personnages ne rêvent que d’une chose : la liberté. Le deuil, le racisme, l’argent, l’amour, l’amitié, la fraternité, la paternité, se libérer de tout cela, ou avec cela et même plus... C’est ça peut-être le sens du double rôle de Michael B. Jordan : se libérer aussi de soi.
Même s’il a une ou deux petites longueurs et peut-être une double fin trop explicative à mon goût, le film est une vraie curiosité à découvrir…